Dans le fracas d’une guerre qui se prolonge depuis 8 ans, le Yémen connait aujourd’hui la plus grave crise humanitaire du monde.
Dans un silence assourdissant. Pas d’images, pas d’informations. Comme s’il ne s’y passait rien.
Et pourtant, il serait vain de tenter d’énoncer la longue litanie des drames auxquels sont confrontés les habitants de ce pays qui semble oublié. Les chiffres sont sidérants et ne font que révéler la vérité d’une catastrophe qui, sans une réaction rapide et efficace, ne fera que s’aggraver.
Pourquoi le Yémen est-il en guerre ?
Depuis 2014, le Yémen est déchiré par une guerre civile entre les rebelles chiites Houthis et le gouvernement d’Abdrabbo Mansour Hadi. Celui-ci a été élu en 2012 après la révolution yéménite et le départ du président Ali Abdallah Saleh. Une coalition menée par l’Arabie saoudite est intervenue à partir de mars 2015 aux côtés du gouvernement. Un accord de trêve a été signé en décembre 2018, mais très peu de choses ont changé. On estime qu’un enfant meurt de cause évitable toutes les dix minutes dans le pays.
Depuis le début du conflit, le Yémen est devenu un enfer pour 12 millions d’enfants.
Selon nos estimations, entre mars 2015 et novembre 2022, plus de 11 000 enfants ont été tués ou gravement blessés et plus de 4 000 d’entre eux ont été enrôlés et instrumentalisés par les belligérants
Chiffres clés sur la guerre au Yémen
Près de 70 % de la population a besoin d’une aide humanitaire et d’une protection.
Quelques 17,4 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
On estime que 2,2 millions d’enfants de moins de 5 ans et 1,3 million de femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition aiguë. Le taux de mortalité maternelle au Yémen reste l’un des plus élevés de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Une femme meurt en couches toutes les deux heures, la plupart du temps de causes entièrement évitables.
« Pour Yasin, âgé de 7 mois, et sa mère Saba, que j’ai rencontrés à l’hôpital d’Aden, et pour tous les autres enfants dans la même situation, il s’agit de lutter pour survivre au quotidien. » poursuit Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF
« Des milliers d’enfants sont morts, et la vie de centaines de milliers d’autres est menacée par des maladies évitables ou par la faim. Yasin n’est qu’un enfant parmi de nombreux autres souffrant de malnutrition sévère au Yémen. Tous ont besoin d’une aide immédiate, les services de base s’étant tout simplement effondrés », poursuit Catherine Russell.
Le conflit, les déplacements à grande échelle et les chocs climatiques récurrents créent un environnement propice aux épidémies de maladies transmissibles et, malgré la conduite par les équipes de l’UNICEF de campagnes de vaccinations, le pays connaît toujours des flambées de choléra, de rougeole, ou de diphtérie. Le système de santé du Yémen est extrêmement fragile : seuls 50 % des établissements de santé sont fonctionnels, laissant 21,9 millions de personnes sans accès adéquat aux soins de santé.
Plus de 17,8 millions de personnes, dont 9,2 millions d’enfants, n’ont pas accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène.
Enfin, après près de huit années de conflit, les systèmes socio-économiques sont au bord de la rupture. Pour tenter de se nourrir, de se soigner, parfois de survivre, les Yéménites sont contraints de faire travailler les enfants ; on constate un accroissement des mariages précoces, et on ne compte plus les abus et les violences dont sont victimes les plus fragiles.
Plus de 11 millions d’enfants ont besoin d’être protégés.
Les défis sont donc considérables et, pour apporter son soutien à la population, une large mobilisation internationale et des financements sont nécessaires.
L’impact de la guerre sur les enfants et les civils Yéménites
«Pour que les enfants du Yémen aient une chance de vivre un avenir digne, les parties belligérantes, la communauté internationale et tous les acteurs influents doivent veiller à ce qu’ils soient protégés et soutenus » poursuit Catherine Russell Directrice générale de l’UNICEF
« Cela vaut notamment pour les enfants comme Mansour, que j’ai rencontré dans un centre de réadaptation et d’appareillage. Le jeune garçon a été amputé au niveau du genou après avoir été touché par une balle tirée par un sniper. Aucun enfant ne devrait avoir à vivre ça. L’instauration urgente d’une nouvelle trêve constituerait une première étape bénéfique, qui permettrait d’apporter une aide humanitaire essentielle. À terme, seule une paix durable permettra aux familles de reconstruire leurs vies brisées, et de commencer à bâtir des projets d’avenir. »
L’année 2023 est donc cruciale pour les enfants du Yémen. L’avenir de chaque enfant dépend aujourd’hui de l’aide que nous serons en mesure de leur apporter. Pour qu’ils puissent vivre une vie d’enfant et croire en l’avenir.
Que fait l’UNICEF pour les enfants du Yémen?
En 2022, nos équipes sur place ont permis de:
- Prendre en charge plus de 375 000 enfants et leur fournir les micronutriments essentiels à la lutte contre la malnutrition;
- Permettre l’accès à l’eau potable à 6,2 millions de personnes, et ce, à travers la distribution de l’eau par camion, l’installation de points de distribution d’eau et l’amélioration des systèmes d’approvisionnement en eau dans les camps des personnes déplacées
- Garantir l’accès aux soins de santé à plus de 2,7 millions de personnes
- Vacciner plus de 2,1 millions d’enfants contre la rougeole et la polio
- Apporter un soutien psychologique à plus de 478 000 enfants
- Fournir des transferts financiers à près de 1,5 million de ménages chaque trimestre
- Soutenir les services de santé maternelle, néonatale et infantile dans 24 hôpitaux en fournissant une assistance opérationnelle, ainsi que des équipements et des fournitures.