Journée internationale de la fille : une fille sur huit a subi un viol ou une agression sexuelle

Les toutes premières estimations sur la violence sexuelle dans l’enfance révèlent une ampleur alarmante et des conséquences dévastatrices sur les enfants.

Ein kleines Mädchen sitzt auf einer Bank und hält ihr Stofftier fest an der Brust.
Philippines : une fillette de 8 ans est assise sur le bras d'un banc et s'accroche à son doudou préféré. Elle est l'une des sept frères et sœurs sauvés lors d'une descente de police pour cybercriminalité, après que leurs parents aient forcé les deux aînées à participer à une diffusion en direct d'abus sexuels sur des enfants.

Plus de 370 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui – soit 1 sur 8 – ont subi un viol ou une agression sexuelle avant l’âge de 18 ans, selon les nouvelles estimations de l’UNICEF publiées aujourd’hui.

Les toutes premières estimations mondiales et régionales sur la violence sexuelle à l’encontre des enfants – publiées à la veille de la Journée internationale de la fille – révèlent l’ampleur de cette violation à l’échelle mondiale, touchant particulièrement les adolescentes et soulignent des répercutions durables tout au long de leur vie.

Des données inquiétantes

Si l’on inclut les formes de violence sexuelle « sans contact », telles que les abus verbaux ou en ligne, le nombre de filles et de femmes touchées s’élève à 650 millions dans le monde, soit 1 sur 5, ce qui souligne le besoin urgent de stratégies globales de prévention et de soutien pour lutter efficacement contre toutes les formes de violence et d’abus.

« La violence sexuelle à l’encontre des enfants est une atteinte insupportable à notre conscience collective », a déclaré la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell. « Elle provoque des traumatismes profonds et durables, souvent infligés par une personne de confiance, dans des environnements où il devrait se sentir en sécurité. »

Les violences sexuelles à l’encontre des enfants sont omniprésentes et dépassent les frontières géographiques, culturelles et économiques, indiquent les données. L’Afrique subsaharienne compte le plus grand nombre de victimes, avec 79 millions de filles et de femmes touchées (22 %), suivie par 75 millions en Asie de l’Est et du Sud-Est (8 %), 73 millions en Asie centrale et du Sud (9 %), 68 millions en Europe et en Amérique du Nord (14 %), 45 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes (18 %), 29 millions en Afrique du Nord et en Asie occidentale (15 %), et 6 millions en Océanie (34 %).

Dans les contextes fragiles, notamment ceux où les institutions sont fragiles, où les forces de maintien de la paix des Nations unies sont présentes ou encore où un grand nombre de réfugiés fuient en raison de crises politiques ou sécuritaires, les filles courent un risque encore plus grand, avec une prévalence de viols et d’agressions sexuelles dans l’enfance légèrement supérieure à 1 sur 4.

Des répercussions désastreuses

« Les enfants vivant dans des environnements précaires sont particulièrement exposés à la violence sexuelle », a déclaré Catherine Russell. « Nous constatons des violences sexuelles atroces dans les zones de conflit, où le viol et la violence sexiste sont souvent utilisés comme armes de guerre. »

Selon les données, la plupart des violences sexuelles subies par les enfants se produisent pendant l’adolescence, avec un pic important entre 14 et 17 ans. Des études montrent que les enfants victimes de violences sexuelles sont plus susceptibles de subir des abus répétés. La mise en œuvre d’interventions ciblées pendant l’adolescence est essentielle pour briser ce cycle et atténuer les effets à long terme d’un tel traumatisme.

Les survivants gardent souvent le traumatisme de la violence sexuelle dans leur vie d’adulte et sont plus exposés aux maladies sexuellement transmissibles, à la toxicomanie, à l’isolement social et aux problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression, ainsi qu’à la difficulté de nouer des relations saines. Il est prouvé que l’impact est encore aggravé lorsque les enfants retardent la révélation de leur expérience, parfois pendant de longues périodes, ou qu’ils gardent le secret sur les abus dont ils ont été victimes.

Bien que les filles et les femmes soient plus nombreuses à être touchées et que leurs expériences soient davantage documentées, les garçons et les hommes ne sont pas épargnés, selon les données disponibles. On estime que 240 à 310 millions de garçons et d’hommes – soit environ 1 sur 11 – ont été victimes d’un viol ou d’une agression sexuelle pendant leur enfance. Cette estimation s’élève à 410 à 530 millions si l’on tient compte des formes sans contact.

L’urgence d’une action collective

Les lacunes persistantes en matière de données, notamment en ce qui concerne les expériences des garçons et les formes de violence sexuelle sans contact, soulignent la nécessité d’investir davantage dans la collecte de données afin de saisir l’ampleur réelle de la violence sexuelle à l’encontre des enfants.

Alors que les chefs de gouvernements et la société civile, y compris les militants, les survivants et les plus jeunes, se préparent à se rencontrer lors de la première conférence ministérielle mondiale sur la violence à l’égard des enfants qui se tiendra en Colombie le mois prochain, les données mettent en évidence la nécessité urgente d’intensifier l’action mondiale pour lutter contre la violence sexuelle à l’égard des enfants et construire un avenir plus sûr pour les enfants du monde entier, par les moyens suivants :

  • Remettre en question et transformer les normes sociales et culturelles qui autorisent les violences sexuelles et dissuadent les enfants à demander de l’aide.
  • Donner à chaque enfant des informations précises, accessibles et adaptées à son âge pour lui permettre de reconnaître et de dénoncer les violences sexuelles.
  • Veiller à ce que chaque enfant victime ou survivant ait accès à des services qui favorisent la justice et la guérison et qui réduisent le risque d’autres préjudices.
  • Renforcer les lois et les règlements visant à protéger les enfants contre toutes les formes de violence sexuelle, y compris dans les organisations qui travaillent avec les enfants, et investir dans les personnes, les ressources et les systèmes nécessaires à leur mise en oeuvre.
  • Mettre en place un meilleur système de données nationales pour suivre les progrès et garantir la responsabilité en appliquant des normes internationales telles que la Classification internationale de la violence à l’égard des enfants.