Le Parlement doit décider d’un cadre de financement approprié pour la coopération internationale. Une réduction de l’engagement humanitaire n’aurait pas seulement des effets dévastateurs pour les enfants et leur développement mais affaiblirait aussi la position politique de la Suisse dans le contexte international.
La coopération internationale a de l’effet
L’UNICEF et ses organisations partenaires au niveau international et national ont pu obtenir ces dernières années des résultats remarquables, grâce notamment au soutien de la Suisse: les initiatives visant à encourager une agriculture durable et à améliorer les conditions environnementales ont contribué à long terme à la stabilité et à la sécurité alimentaire, ce qui revêtait une importance vitale pour les enfants dans les régions rurales et pauvres. Ainsi, depuis 1990, 47 millions de personnes ont pu échapper chaque année à l’extrême pauvreté. Les programmes réalisés ont contribué à réduire la malnutrition et les problèmes de santé qui y sont associés. Le nombre des enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition chronique a pu être abaissé de près de 200 millions en l’an 2000 à 148 millions en 2022. Les programmes spécifiques visant à promouvoir la formation scolaire des filles ont permis de réduire le fossé entre les sexes dans le système d’éducation et d’améliorer le taux d’alphabétisation. Ainsi, en l’an 2000, 87 pour cent de tous les enfants de la planète étaient capables de lire. Cette proportion a augmenté pour atteindre 92 pour cent en 2020. Dans les périodes de crises comme les catastrophes naturelles et les conflits armés, la coopération a fourni rapidement de l’aide afin de répondre aux besoins immédiats des enfants et d’assurer leur sécurité et leur bien-être.
La Suisse a des obligations envers les enfants
La Suisse a ratifié en 1997 la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant et a pris ainsi l’engagement de protéger, d’encourager et d’inclure de manière égale tous les enfants de la planète.
Dans son projet de Stratégie de coopération internationale 2025-2028, le Conseil fédéral propose des moyens trop limités avec lesquels il faudrait, en plus, financer l’aide à l’Ukraine au détriment du Sud global. En outre, de possibles réductions supplémentaires pourraient encore survenir et affecteraient directement la santé et la formation scolaire des enfants. De telles réductions ont, il faut le souligner, des répercussions à long terme sur le développement des enfants, leurs familles et les sociétés dans lesquelles ils vivent. Les coupes budgétaires conduisent à une diminution d’un fonctionnement durable des services de santé et des programmes de vaccinations dans les pays en développement. Ceci conduit à une hausse de la mortalité infantile et de la fréquence des maladies évitables. Des moyens financiers réduits signifient moins de ressources pour la promotion durable des écoles, la formation du personnel enseignant et la conception de matériel pédagogique. Ceci est le prélude à une détérioration de la formation scolaire et à des taux de scolarisation plus faibles. Les coupes dans les programmes sociaux entraînent un affaiblissement des filets de sécurité, ce qui affecte particulièrement les enfants issus de familles pauvres.
Bettina Junker, directrice générale d’UNICEF Suisse et Liechtenstein: «Une réduction des moyens alloués à la coopération internationale met en danger les chances d’avenir et le bien-être de millions d’enfants et sape les efforts déployés pour un développement mondial durable.»
À plus long terme, le développement économique et social d’un pays est compromis quand une génération entière grandit sans avoir de chances suffisantes en matière de santé et de formation. Attribuer trop peu de moyens financiers à la coopération internationale met en danger les chances d’avenir et le bien-être de millions d’enfants et sape les efforts déployés pour un développement mondial durable.
Une réduction du budget de la coopération internationale n’est pas dans l’intérêt de la Suisse
Un budget déjà faible au départ pour la coopération internationale qui risque d’être encore réduit au cours de débats aurait pour conséquences qu’à l’avenir, la Suisse ne pourrait jouer qu’un rôle mineur sur la scène internationale quand il s’agit de trouver des solutions aux défis de portée globale comme le changement climatique, la guerre, les déplacements de population, la corruption et les épidémies. De surcroît, la Suisse serait perçue de plus en plus comme une profiteuse, quand il s’agit d’œuvrer à l’échelon mondial pour la sécurité, le bien-être et l’avenir.
«Il y a lieu de craindre aussi que la diminution des investissements consentis dans la coopération internationale ait pour conséquence une augmentation des personnes fuyant massivement les pays concernés à destination de l’Europe», précise Bettina Junker.
La Suisse peut être fière des prestations humanitaires qu’elle fournit. En défendant une coopération internationale forte, elle apporte sa contribution à un monde plus sûr, plus juste et plus durable. La coopération internationale et l’aide humanitaire ne sont pas des activités de bienfaisance mais font partie d’une politique d’avenir active et clairvoyante.
UNICEF Suisse et Liechtenstein demande donc au Parlement de défendre une coopération internationale forte et de garantir ainsi que l’engagement financier de la Suisse ne faiblira pas, au moment où il s’agira d’adopter durant la Session d’automne et la Session d’hiver la Stratégie de coopération internationale 2025-2028. La Suisse peut ainsi continuer de fournir une contribution importante pour tous les humains et en particulier pour les enfants, dans le sens d’un monde plus sûr, plus inclusif et meilleur, en assumant ses responsabilités politiques à l’échelon global.