Le 24 février 2022, le conflit qui déchirait la Russie et l'Ukraine depuis des années est devenu une guerre qui, entre-temps, s'est étendue à presque tout le pays. Dans ce blog, nous vous informons de ses répercussions pour les enfants et les familles en Ukraine ainsi que de la manière dont l'UNICEF agit grâce aux dons généreux.
«La guerre, c'est quand des inconnus débarquent soudain chez vous et commencent à tirer. Et maintenant, nous avons constamment peur.»
«Je n'arrive plus à imaginer l'avenir. Je ne sais même pas si je vais me réveiller demain. J'espère simplement que la guerre s'arrêtera et que mon père pourra rentrer à la maison.»
«J'ai perdu beaucoup d'amis et cela me rend très triste. Ceux qui me restent ont dû se dépêcher de grandir. Toutes et tous ceux avec qui l'on parle aujourd'hui ont perdu leur insouciance.»
«Les soldats ont fait très peur aux enfants. Une fois, quatre hommes armés sont entrés dans notre maison. Ils portaient des cagoules et braquaient leurs fusils sur nous. Ils ont fouillé la maison et emporté nos téléphones et nos ordinateurs portables. Mon fils a eu si peur qu'il a recommencé à bégayer.»
Pour Daryna, le monde s'est écroulé il y a un an. Originaire de Selydove dans l'est de l'Ukraine, la jeune fille de 16 ans est confrontée à la guerre depuis neuf ans, mais ce qu'elle a dû vivre depuis le 24 février 2022 a mis un terme définitif à son enfance. Elle se désole surtout de la destruction de son école lors d'une explosion. «C'était comme une deuxième maison. J'y passais plus de temps que chez moi. Et soudain, tout a disparu.», constate l'adolescente avec tristesse. Elle ajoute que les bombes n'ont pas seulement détruit l'école, mais aussi tous ses souvenirs d'enfance.
Vivre dans l'incertitude en temps de guerre, comme Daryna, c'est la triste réalité d'une grande partie de la population ukrainienne depuis un an. 17,7 millions de personnes, dont 3,3 millions d'enfants, dépendent actuellement de l'aide humanitaire en Ukraine. 5,9 millions de personnes sont réfugiées à l'intérieur du pays et 7,9 millions ont dû quitter leur pays depuis que la guerre a éclaté. L'an passé, 1148 enfants ont perdu la vie ou ont été blessés en Ukraine. 1,5 million d'enfants souffrent de problèmes psychiques en raison de la guerre. On estime que la scolarité de 5,7 millions d'enfants a été interrompue.* Telle est la brutalité des chiffres.
Mais dans toute cette horreur, il y a aussi des lueurs d'espoir. Comme l'histoire de Theona. La petite fille de quatre ans souffre de troubles autistiques. Avec ses parents, elle a dû fuir sa maison dans la région de Cherson pour se réfugier à Lviv. Sur place, la famille a contacté des spécialistes du centre pour enfants géré dans le cadre d'un projet de l'UNICEF. La petite fille apprend ici à communiquer grâce à la méthode PECS (Picture Exchange Communication System) qui lui permet d'extérioriser ses sentiments à travers des images. Depuis, la maman de Theona constate qu'elle s'exprime beaucoup mieux et que son humeur s'est aussi améliorée.
Le destin de Theona n'est pourtant que l'un des nombreux exemples de la manière dont l'UNICEF peut aider grâce au généreux soutien des donatrices et des donateurs.
L'approche de l'UNICEF
La générosité de la population, notamment dans le secteur privé, est exemplaire depuis le début de la guerre, le 24 février 2022. Sur des besoins de financement de 987 millions de dollars en 2022, 87% ont pu être couverts par des dons. Afin que ceux-ci puissent être affectés au bon endroit dans les meilleurs délais, l'UNICEF a mis au point une stratégie consistant à répartir l'aide humanitaire dans le pays par zones.
La zone 1 comprend le sud-est du pays, principalement les régions situées sur le front de la guerre où l'accès est régulièrement limité. En collaboration avec d'autres organisations des Nations unies, l'UNICEF y déploie des équipes de crise mobiles et des convois humanitaires, et engage des communes, des administrations locales et régionales ainsi que des partenaires de la société civile pour assurer la mise en œuvre de l'aide. Des biens de première nécessité tels que des médicaments, de l'eau et des aliments sont mis à disposition pour soutenir des enfants, des femmes et d'autres personnes vulnérables ou déplacées. Cinquante pour cent des réserves actuelles de l'UNICEF sont stockées dans la zone 1. De nouvelles antennes ont été ouvertes à Odessa, Poltava et Kharkiv et des renforts ont été envoyés dans ces parties du pays. Depuis septembre, l'UNICEF s'occupe également de l'aide hivernale en distribuant notamment des colis d'hiver et en équipant des hôpitaux de chauffages, de pompes à chaleur et de matériel de chauffage. Dans de nombreuses régions, les violents tirs ont endommagé des habitations et d’importantes infrastructures énergétiques. Les coupures de courant sont de ce fait incessantes dans tout le pays. Pour la population d'Ukraine, cela ne veut pas seulement dire être ponctuellement privée de lumière et de chauffage, mais l'accès à l'eau est également restreint et les combustibles sont rares.
La zone 2 comprend les parties centrales et occidentales du pays, où l'accès à la population fonctionne relativement bien. Là-bas, l'UNICEF recourt aux systèmes nationaux en place ainsi qu'aux autorités locales, aux niveaux communal et régional, et à des organisations de la société civile pour déployer son aide humanitaire.
Depuis l'escalade de la guerre en février 2022, l'effectif de l'UNICEF en Ukraine est passé de 91 à 241 personnes et 33% du personnel travaillent dans les différents bureaux régionaux. 140 personnes supplémentaires les rejoindront dans les mois qui viennent.
Mais cette guerre a également déclenché la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans les deux premières semaines après le début de la guerre, plus de deux millions de personnes ont fui l'Ukraine et franchi les frontières. Depuis, 8 millions de réfugiés ont été enregistrés au sein de l'Europe (situation en février 2023).
Comme première réaction, l'UNICEF a immédiatement renforcé sa présence dans les pays voisins pour fournir les biens les plus urgents aux familles réfugiées. Des points d'accueil, les Blue Dots, ont été aménagés pour les enfants réfugiés et leurs familles le long des routes de l'exil. L’UNICEF y met en place des lieux adaptés aux enfants, où filles et garçons peuvent récupérer et jouer. Des collaborateurs formés aident les enfants à faire face aux événements et au traumatisme et s’occupent aussi des réfugiés mineurs non accompagnés. Les mères de jeunes enfants peuvent se retirer dans des espaces protégés, par exemple pour allaiter et changer leurs enfants. Dans les Blue Dots, les parents peuvent aussi se renseigner sur l’aide supplémentaire à leur disposition. Les familles y reçoivent en outre des biens de première nécessité comme des produits d’hygiène et des couvertures.
Ce que votre aide a permis d'accomplir jusqu'à présent
En Ukraine
Depuis le début de la guerre, environ 5 millions d'enfants et de femmes ont bénéficié de premiers soins médicaux grâce à l'UNICEF. En 2022, l'UNICEF a soutenu plus de 1000 établissements de santé dans 24 régions du pays par la fourniture de kits de secours et de matériel médical tels que des respirateurs, des appareils d'anesthésie, des stérilisateurs, des défibrillateurs, des échographes, des incubateurs, des moniteurs de patients, des concentrateurs d'oxygène et des enregistreurs d'ECG, ainsi que des générateurs. Afin d'améliorer l'accès aux dispositifs médicaux, l'UNICEF a mis à disposition 15 ambulances pour huit oblasts (régions) d'Ukraine. Dans la région de Lviv, quatre établissements ont en outre été reconstruits dans des cliniques de pédiatrie et d'obstétrique afin de garantir des conditions adaptées à un traitement hospitalier sûr des enfants et des femmes enceintes. Dans 22 oblasts, plus de 402 000 personnes, dont 204 000 enfants, ont profité de visites médicales à domicile encadrées par l'UNICEF. Des milliers de ménages ont ainsi pu profiter de soins médicaux de qualité sans devoir parcourir de longues distances dans des régions en guerre. L'UNICEF a également fourni des doses de vaccin, notamment contre la poliomyélite, l'hépatite B, le tétanos ou le Covid-19. Dans ce contexte, nous avons en outre veillé au respect de la chaîne du froid.
Plus de 5,5 millions de personnes ont été approvisionnées en eau potable. Pour cela, il a fallu réparer des réseaux d'alimentation et d'assainissement, fournir des équipements tels que des tuyaux ou des pompes et mettre à disposition des produits chimiques pour le traitement de l'eau. L'UNICEF a par ailleurs mis de l'eau potable à disposition dans des établissements de santé et de formation. Environ 1,7 million de personnes ont notamment reçu des produits d'hygiène, des conteneurs d'eau ainsi que des comprimés de désinfection de l'eau.
Plus de 3,3 millions d'enfants et de personnes qui en ont la charge ont bénéficié d'offres de soutien psychosocial et environ 1,5 million d'enfants d'offres de formation. L'UNICEF s'est concentré sur la création d'espaces sécurisés pour les enfants dans les écoles et sur la continuité pédagogique par la reconstruction d'écoles, la distribution de matériel scolaire et éducatif, la sensibilisation aux mesures de sécurité et la fourniture de manuels. Nous avons également développé l'offre de cours en ligne déjà établie durant la pandémie de Covid-19.
Grâce à un abri spécialement aménagé pour eux, les 112 enfants de ce jardin d'enfants ont à nouveau pu profiter d'une pause de midi paisible. Avant, ils devaient s'abriter derrière un mur lors des alertes aériennes. Leur sommeil n'est désormais plus perturbé.
Afin que les enfants puissent continuer à fréquenter les écoles et les jardins d'enfants, renouer des contacts sociaux et se sentir en sécurité, l'UNICEF reconstruit des abris et des écoles dans les régions les plus durement frappées, en collaboration avec des organisations partenaires. L'UNICEF met en outre des biens de première nécessité à disposition, ainsi que du matériel pour diverses activités et pour le confort des enfants dans les abris.
Plus de 220 000 ménages ont bénéficié d'aides en espèces de l'UNICEF, afin que les familles puissent financer des besoins de base comme manger et se chauffer. Les aides en espèces sans conditions permettent aux familles d'utiliser l'argent en fonction de leurs besoins spécifiques.
L'hébergement de réfugiés dans les pays voisins
L'UNICEF soutient des programmes et des mesures d'aide pour les réfugiés ukrainiens dans 19 pays actuellement, notamment en Pologne, en Moldavie, en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie, en République tchèque, en Biélorussie, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, en Grèce, en Italie, au Monténégro, en Serbie, en Slovaquie et en Turquie.
L'UNICEF a ainsi pu apporter des réfugiés la protection dont ils avaient d'urgence besoin, notamment dans les «Blue Dots», permettre à plus de 470 000 femmes et enfants d'accéder aux soins médicaux de base et approvisionner environ 115 000 personnes en eau potable. Plus de 1 million d'enfants en exil ont profité d'offres de formation, également préscolaire, et environ 55 000 ménages ont été soutenus par des aides en espèces. Plus de 1,2 millions d'enfants et personnes investies de l’autorité parentale ont eu accès à un soutien psychosocial. La communication de crise de l'UNICEF a permis d'atteindre plus de 10,5 millions de personnes. L'UNICEF a conclu 54 partenariats avec des autorités nationales et supranationales afin de développer des services sociaux destinés aux réfugiés.
Ce qui attend l'UNICEF en 2023
En 2023, l'UNICEF continuera de tout mettre en œuvre pour aider les populations en Ukraine. Nous poursuivrons et étendrons encore notre aide, également dans les domaines de la protection, de la fourniture de biens de première nécessité et de services de base, de l'amélioration des capacités des services sociaux, de la préparation à des déplacements supplémentaires et du soutien aux systèmes gouvernementaux.
Pour l'UNICEF, la priorité se situe toujours là où les besoins sont les plus urgents et où le conflit se poursuit. Pour ce faire, des équipes d'aide d'urgence sont envoyées, des convois humanitaires mis en place, une planification d'urgence est instaurée, des biens de première nécessité sont conservés en suffisance et une collaboration avec les administrations locales et des partenaires de la société civile est engagée. Dans les régions plus facilement accessibles, des systèmes nationaux, des communes et des organisations de la société civile sont impliqués, en sachant que l'aide d'urgence à court terme englobera un développement à plus long terme et la promotion de la paix.
Dans les pays d'accueil, l'UNICEF propose notamment des biens de première nécessité et des services humanitaires spécifiques au contexte, facilite l'accès aux services critiques pour les réfugiés ainsi qu'aux offres de formation, maintient les Blue Dots ainsi que les aides en espèces.
L'UNICEF continuera d'aider directement et efficacement sur place les personnes qui en ont besoin. Notre travail n'est pas terminé. Si vous souhaitez le soutenir (continuer), nous sommes reconnaissants de chaque contribution.